Felices vacaciones, 33
Nicolas Sarkozy está decepcionando a quienes esperaban un cumplimiento rápido de su promesa esencial: “Romper con veintitantos años de demagogia de izquierda (Mitterrand) y derechas (Chirac)”.
Nicolas Baverez y Jacques Marseille fueron dos de los más eminentes teóricos y animadores de tal proyecto de ruptura. Marseille, historiador de la economía, en la Sorbonne, denuncia con mucha precisión la “timidez” de Sarkozy ante dos de los grandes problemas de fondo: el abismo de la Deuda pública y la burocratización de Francia.
Le Point – N°1821. 9 agosto 2007
Jacques Marseille
Le 6 mai, près de 19 millions de Français ont élu un président qui leur avait promis cent fois plutôt qu’une : « Je dis ce que je ferai et je ferai ce que je dis. » Parmi ces promesses figurait en bonne place le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Une mesure essentielle étant donné que l’expansion inconsidérée des effectifs du secteur public (5,2 millions de fonctionnaires, contre 4 millions en 1990) explique largement la dégradation des finances publiques et l’explosion de la dette. A cet égard, la seule remontée des taux d’intérêt en 2007 (un peu plus de 1 %) va accroître les intérêts à verser par l’Etat (donc par le contribuable) de plus de 10 milliards d’euros, soit l’équivalent du coût des mesures votées en grande pompe pour relancer le pouvoir d’achat ! Un coup pour rien, serait-on tenté d’écrire, puisque cette hausse du pouvoir d’achat, qui était nécessaire, sera absorbée par les intérêts annuels d’une dette qui, loin de préparer l’avenir, ne traduit que la fuite en avant pratiquée depuis 1981 par des gouvernements qui ont refusé de faire ce que faisaient la quasi-totalité des pays : se désendetter.
« Un sur deux »
A cet égard, le constat fait pratiquement force de loi : l’expérience accumulée par les autres pays depuis vingt-cinq ans montre que les onze pays développés qui ont le plus diminué leur taux de chômage sont ceux qui ont le plus baissé leurs dépenses publiques en faisant travailler moins de fonctionnaires mais plus efficacement. Faut-il rappeler que, malgré le nombre de fonctionnaires travaillant à Bercy, sur les 12 milliards d’euros en moyenne par an de rappels d’impôts non réglés et faisant l’objet de pénalités et d’intérêts de retard, 7,5 milliards ne sont jamais recouvrés ? Faut-il rappeler que la France compte 83 enseignants dans le secondaire pour 1 000 habitants là où l’Allemagne en compte 66 et le Royaume-Uni 60 ? 2,2 agents des impôts sur 1 000 habitants là où le Royaume-Uni en compte 1,3, la Suède et le Canada 1,2 ? Faut-il rappeler que la France dispose de 1 987 fonctionnaires pour soutenir les exportations alors que l’Allemagne, qui pèse le double de la France en pourcentage du commerce mondial, en compte 1 046, presque un sur deux en moins ?
« Trouver des économies est possible , avait déclaré Nicolas Sarkozy ( Le Monde , 18 avril 2007), à condition de traiter de l’emploi dans la fonction publique. Avec les retraites des fonctionnaires, il représente 45 % du budget. Je fais mien l’objectif de ne pas remplacer le départ à la retraite d’un fonctionnaire sur deux. La moitié de la productivité ainsi gagnée doit servir à réduire les déficits, l’autre à augmenter le pouvoir d’achat des fonctionnaires. »
Un système archaïque
Autant dire qu’en annonçant que sur les 70 000 fonctionnaires partant à la retraite en 2008 seuls 22 700 ne seront pas remplacés, un chiffre nettement moins important que le « un sur deux » constamment martelé pendant la campagne électorale, le gouvernement a singulièrement fait marche arrière et compromis l’idée même de « rupture » qui était au coeur du projet de Nicolas Sarkozy. Certes, François Fillon s’est expliqué en déclarant que « un sur deux » était un objectif de la fin du quinquennat qui, pour être atteint, nécessite d’abord de réaliser un certain nombre de réformes de structure, mais ne le savait-on pas avant ?
Le 24 avril 2007, Nicolas Sarkozy s’était aussi engagé à « garantir trois heures de transport en continu pour se rendre à son travail en cas de grève et trois heures pour en revenir » . Un service minimum véritablement plébiscité par les Français puisque cette promesse était soutenue par 74 % d’entre eux, dont 70 % des salariés du secteur public et 51 % des électeurs communistes ! Cette promesse, qui n’avait rien d’une mesure « scélérate » , s’inspirait en fait du modèle italien, où un service complet est assuré en cas de grève de 6 heures à 9 heures du matin et de 18 heures à 21 heures. De même, en Espagne, le Tribunal constitutionnel a déclaré, sans susciter d’émeutes, que « le droit de la communauté aux prestations vitales est prioritaire sur le droit de grève » . A dire vrai, la loi qui vient d’être votée est pour le moins assez éloignée de cette promesse.
On peut en dire autant de la réforme des universités, qui devait être « la loi la plus importante de la législature » . Comme on l’a déjà souligné ( Le Point n° 1816 du 5 juillet), force est de constater qu’elle ne marque en rien une « rupture » avec l’archaïsme d’un système profondément inadapté aux besoins de la société et de l’économie.
Si le gouvernement voulait ménager Bernard Thibault, Bruno Julliard ou Gérard Aschiéri, il ferait une lourde erreur. Les seuls dont il doit tenir compte sont les 19 millions de Français qui se demandent simplement, au terme des cent premiers jours de ce qui devait être une nouvelle donne politique : « La rupture, c’est pour quand ? »
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