No sin cierta piedad, Le Monde teme que la presidencia de François Hollande haya entrado en un peligroso togobán de dudas.
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La gran mayoría de los sondeos estiman que Hollande se ha convertido en el presidente más impopular de la V República, con un 30 % de opiniones positivas y un 65 o un 70 % de opiniones negativas, a los diez meses de ser elegido.
Le Monde publica el sondeo más optimista: 55 % opiniones negativas y una impopularidad comparable a la de Chirac o Sarkozy a los diez meses de ser elegidos.
–Manifestaciones contra la política social de Hollande en toda Francia.
–Se está agrietando el sistema Hollande.
–Crece la pobreza entre los jóvenes franceses.
Le Monde:
“Los socialistas, con la moral por los suelos”.
“¿Quién pilota el avión Francia?”
“De la Francia profunda monta la angustia y la incomprensión”.
“Es una ley de la V República: cuando el jefe no inspira confianza, todo se deshilacha”.
“Pecado original del quinquenio Hollande: no haber dicho la verdad, desde el principio”.
“Los franceses no comprenden, están decepcionados”.
Le Monde, 8 / 9 marzo 2013.
La présidence Hollande à l’heure du doute
[ .. ] En ce mois de mars, les socialistes ont le moral à zéro, à l’unisson du pays. » C’est dur. Les gens ne voient pas le bout du tunnel «, rapportent les ministres qui osent encore s’aventurer sur le terrain. Ceux qui ne le font plus ont l’Assemblée nationale pour baromètre. Les couloirs bruissent d’élus inquiets qui implorent François Hollande de » donner un cap » ou de » tracer une perspective «.
On se croirait revenu aux premières semaines du quinquennat, quand Jean- Marc Ayrault était accusé de mal tenir ses troupes. « Qui pilote ? «, s’interroge, dépité, ce jeune député socialiste. » Il manque toujours une ligne directrice, soupire un directeur de cabinet. Au début, c’était simple : tout le monde tapait sur Matignon, en disant que c’était avant tout un problème de coordination. Mais on s’aperçoit sur certains sujets que les choses ne sont même pas tranchées à l’Elysée. L’histoire du diesel, c’est ça. »
» Revenez à gauche ! » Des profondeurs du pays montent l’angoisse et l’incompréhension. Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, qui anime désormais des » ateliers du changement » à travers le territoire, a physiquement senti monter le ressentiment des sympathisants.
Le premier atelier, organisé à Brest le 7 février, s’était tenu dans une ambiance morose mais polie. Le second, le 28 février à Marmande (Lot-et-Garonne), a été beaucoup plus chahuté. » Revenez à gauche ! «, a lancé un participant, » L’impatience guette «, a prévenu un autre. Harlem Désir est sorti bousculé de la réunion, en ayant » l’impression de payer les pots cassés sur le terrain «, rapporte son entourage.
La loi du toboggan. C’est une des lois de la Ve République : quand le chef ne rassure plus, tout se délite. Le système ultra-pyramidal ressemble alors à un toboggan. La cacophonie au gouvernement, la contestation dans les rangs socialistes, le doute chez les alliés étaient déjà là au début du quinquennat, quand François Hollande se familiarisait avec l’exercice du pouvoir. Mais cette fois, c’est plus grave.
L’excuse du noviciat ne peut plus être invoquée, l’argument de l’héritage laissé par Nicolas Sarkozy n’opère plus. Voilà près de dix mois que le président préside. Il a placé ses fidèles aux postes-clés, son dispositif politique est en place, mais, confronté à l’une des crises les plus profondes que le pays ait eu à traverser, il ne parvient pas à lever l’interrogation : est-il, oui ou non, capable de porter le redressement ? » Tous ces impôts, est-ce vraiment la bonne politique ? «, se demande cet élu, pourtant estampillé » 100 % hollandais «.
Impossible diversion. L’année avait pourtant bien commencé. » La guerre au Mali, c’est bon pour Hollande. Elle montre que le président est capable de décider dans des situations difficiles «, constate, fin janvier, un des piliers du gouvernement.
A Matignon aussi, l’on respire : après une fin d’année douloureuse, marquée par l’affaire Florange qui l’a vu s’opposer violemment à Arnaud Montebourg et à plusieurs de ses ministres, Jean-Marc Ayrault reprend la main, résolu à mettre du liant dans son équipe. Les réunions et les dîners s’enchaînent à Matignon, tandis qu’à l’Elysée le chef de l’Etat est happé par la guerre au Mali.
Au Parlement aussi, tout va mieux. Les nuits passées à l’Assemblée à l’occasion des débats sur le mariage pour tous ressoudent les rangs de la gauche face à une droite mobilisée comme jamais depuis la présidentielle.
L’embellie, pourtant, n’est que de courte durée. Dès la mi-février, l’économie et le social rattrapent le président de la pire des façons. Au conseil européen de Bruxelles, François Hollande qui s’était battu après son élection pour la » réorientation » de la politique communautaire en faveur de la croissance, doit avaliser des coupes dans le budget européen, les premières dans l’histoire. Trop isolé et soucieux de sauver la politique agricole commune, il n’a pas osé taper du poing sur la table. Jean-Luc Mélenchon, qui rongeait son frein, fonce tête baissée. Il souligne » l’échec » présidentiel, et part en guerre contre » ce compromis austéritaire qui détruit le projet européen «.
A gauche, l’unité retrouvée à la faveur du débat sur le mariage se disloque. Là encore, on se croirait revenu quelques mois en arrière, quand elle s’était divisée au sujet de la ratification du traité budgétaire européen. Les semaines qui suivent n’arrangent rien. Désormais les mauvaises nouvelles s’enchaînent. La quasi-récession pronostiquée fin février par la Commission européenne, alors que le chômage ne cesse d’augmenter et que la Cour des comptes appelle à de nouvelles économies, achève de plomber le moral des troupes. Cette fois c’est la rigueur. La vraie. Même si, comme souvent en France, le mot n’est jamais prononcé.
Le spleen des ministres. Lors d’un déjeuner à Matignon, jeudi 21 février, Arnaud Montebourg, Cécile Duflot, Vincent Peillon, Stéphane Le Foll se rebiffent : ils disent que la gauche ne peut s’en tenir au seul discours de la rigueur, qu’il faut être plus offensif sur le social, préserver les investissements, veiller au pouvoir d’achat. » Mettez-vous à la place des jeunes ministres : ils ont moins de 40 ans, ils sont de gauche et on leur dit d’entrée de jeu : «Tu dois réduire tes dépenses.» Quelques mois plus tard, le budget revient et on leur dit : «Tu dois encore réduire tes dépenses.» C’est contre nature «, raconte un participant.
Comme à son habitude, Arnaud Montebourg pousse l’offensive un peu plus loin que les autres, conteste la politique européenne, dénonce l’euro fort, et appelle à une autre politique. Jean-Marc Ayrault résiste. Il sait qu’il est là pour redresseur les comptes publics et qu’il n’a pas d’autre choix : Bruxelles n’a accordé de sursis à la France dans la réduction des déficits qu’à la condition qu’elle engage des réformes structurelles. Etat, collectivités locales, retraites, politique familiale, tout y passe.
» On n’a pas droit à l’erreur. Si on échoue, l’alternative sera une droite libérale et autoritaire «, répète-t-il à ses proches quand la pression devient trop forte. » En attendant, on est à l’os, et Bercy nous gratte les dernières miettes qui nous restent. Parfois, je me demande à quoi on sert «, s’exaspère une ministre.
Le » péché originel «. L’Italie, devenue ingouvernable après une flambée populiste, contribue à faire monter l’angoisse. » Partout, la société européenne se cabre contre les politiques d’austérité «, claironne Jean-Luc Mélenchon, pour qui » la chaîne va craquer quelque part «. Au PS, certains s’inquiètent. » Entre une gauche sans idée et une droite sans chef, il y a un espace libre immense pour un nouveau populisme de masse «, craint le député Malek Boutih (Essonne).
François Hollande a-t-il pris la mesure de la crise ? Ses amis jurent que oui, qu’il est lucide sur l’état du pays. Lorsqu’en décembre 2012 la hausse du chômage a semblé marquer une pause, François Rebsamen a reçu un appel du chef de l’Etat lui disant : » Ne prends pas ces chiffres au sérieux, ça va s’aggraver. » Avant même d’être élu, François Hollande savait que son quinquennat serait très dur, mais depuis son arrivée au pouvoir, il a un problème de positionnement.
Il s’est fait élire sur l’idée qu’il allait arracher un pacte de croissance européen, et que la croissance allait revenir. La dramatisation ne pouvait donc être son registre. » Il ne voulait pas crier au loup, pour ne pas démoraliser «, rapporte un ministre. » Et puis son tempérament est optimiste. Il est persuadé qu’il a une bonne étoile au-dessus de lui, que l’économie est cyclique, que la croissance va naturellement repartir «, complète un des leaders de l’aile gauche du PS.
Pour beaucoup, le péché originel du quinquennat est là : ne pas avoir dit d’emblée la vérité. » Il fallait, qu’il prononce dès son élection un discours churchillien, déplore un sénateur. Peut-il encore le faire aujourd’hui ? Je crains que ça ne soit trop tard. Les Français ne comprennent pas, ils sont déçus. »
Plus le pays s’enfonce dans la crise, plus l’attitude présidentielle paraît déconnectée de l’état moral du pays. » Attention, les seuils de tolérabilité sociale sont bientôt atteints ! «, prévient le député socialiste Henri Emmanuelli, qui déplore que » le social ait disparu des écrans radars «. Plus virulente, Marie-Noëlle Lienemann s’insurge contre la propension du président à vouloir donner du temps au temps : » François Hollande veut être jugé sur ses résultats en 2017. Très bien, mais d’ici là, les Français, ils vivent, ils doivent bouffer, se loger, travailler ! Les gens, ils s’en foutent de son calendrier politique «, dénonce la sénatrice.
Même parmi les » hollandais » historiques, certains – et c’est nouveau – commencent à s’interroger sur le flegme d’un président qui paraît toujours réagir avec un temps de retard à l’aggravation de la crise. « A la longue, je crains que le calme de François, qui a été un de ses gros atouts face à Sarkozy pendant la campagne, ne finisse par être anxiogène «, ose un ministre proche du président.
Au début de son quinquennat, le chef de l’Etat avait promis aux Français deux ans d’effort suivis de trois années de redistribution de l’effort. C’était un calendrier très politique qui tenait compte du fait que les élections municipales, les premières de son quinquennat, tomberaient en mars 2014, soit à un moment charnière où tout était censé s’améliorer. Or aujourd’hui, plus personne ne croit à ce joli scénario. Toute la stratégie est donc à revoir.
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Quelle ligne ? Neuf mois après la présidentielle, la guerre des deux gauches, qui était en germe durant la campagne, s’exacerbe. Le projet de loi sur la sécurisation de l’emploi, qui sera l’un des temps forts du calendrier parlementaire du printemps, divise la gauche. Jean-Luc Mélenchon souffle sur les braises, l’aile gauche du PS grince des dents, et François Hollande fait le gros dos.
Certains, parmi ses proches, ne cachent plus leur inquiétude. » Si ce climat perdure encore pendant un an, on va aller vers une rupture des gauches comme en Allemagne «, s’inquiète un pilier de la majorité. » Pour Mélenchon, les socialistes sont des traîtres. Moi, je regrette que nous soyons trop souvent des sociaux-défaitistes «, déplore Emmanuel Maurel, le leader de l’aile gauche du PS.
Face à ce grand désarroi, beaucoup pensent aujourd’hui que le temps est venu d’un grand exercice d’explicitation. » Qu’est-ce que le hollandisme ? Il faut écrire ce récit, c’est un des grands enjeux de la gauche «, estime Harlem Désir. De ce récit, reste toutefois à savoir qui en seront les chantres. Comme le résume Jean-Christophe Cambadélis, député socialiste de Paris et candidat malheureux à la tête du parti à l’automne 2012, » De Gaulle avait ses barons, Mitterrand ses éléphants, Chirac ses compagnons, Sarkozy ses mousquetaires, mais Hollande, il a qui ? »
Hélène Bekmezian, Bastien Bonnefous, Françoise Fressoz et Thomas Wieder.
Las negritas son mías.
- Francia en este Infierno.
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