“La Europa social es un fracaso”.
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“Crecen las diferencias entre países pobres y países ricos, entre regiones ricas y regiones pobres, entre el Norte y el Sur de Europa; y, en particular, entre el Norte y el Sur de la zona euro”.
“Una década perdida”.
“El Estado providencia europeo no está adaptado a la mundialización”.
“Degradación del contrato social es anterior a la crisis”… “Solo crecen la incertidumbre, la eurofobia y los populismos”.
Empantanadas y balcanizadas, España y Europa.
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“Crecimiento del paro, entre 2008 y 2013, en %”. Le Monde, 11 / 12 diciembre 2014:
Europe sociale : le clivage Nord-Sud s’accentue
Rêvée sous Jacques Delors, l’Europe sociale est aujourd’hui un échec. C’en est fini de la convergence entre les pays membres performants et les moins avancés qui incitait les Etats à se presser à la porte de l’UE. Le processus de rattrapage s’est interrompu.
Désormais, les écarts se creusent au point de faire craindre une partition de l’Europe, divisée entre les pays du Nord et ceux du Sud et de la périphérie qui menacent de régresser davantage. Ces divergences de revenus, d’emplois, de niveaux de vie et de pauvreté, sont encore plus frappantes au sein de la zone euro.
» Après les avancées des années 1980 et 1990, l’Europe sociale a été mise en sommeil dans les années 2000 «, avant d’être compromise par la crise, attestent Marine Boisson-Cohen et Bruno Palier auteurs d’une étude réalisée pour France Stratégie – organisme de réflexion placé auprès du premier ministre – rendue publique jeudi 11 décembre.
Constat cruel mais peu surprenant : les indicateurs économiques de ces dernières années témoignent d’une relative bonne santé de l’Allemagne, de l’Autriche et des pays nordiques suivis par la Pologne qui continue d’avancer, quand la Grèce, l’Italie, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne souffrent d’un chômage de masse, d’une émigration de jeunes diplômés et de main-d’œuvre moins qualifiée ainsi qu’une remise en cause de leur Etat providence par les mesures d’austérité.
L’exemple le plus manifeste de ces écarts est le chômage. Avec un taux à 5 %, l’Allemagne est l’un des rares Etats membres à afficher un niveau moindre qu’avant la crise de 2008, quand celui-ci frise 25 % en Espagne et dépasse 26 % en Grèce.
La montée de l’europhobie
Les dérives observées pour le travail détaché, notamment dans les abattoirs allemands où des salariés venus des pays de l’Est ont pu être payés moins de 5 euros de l’heure, sont une autre illustration de cette rupture du contrat social. » La directive impose de respecter le salaire légal, mais lorsqu’il n’y a pas de salaire minimum national mais un minimum fixé par des conventions collectives, il existe une marge d’interprétation «, constate Mme Boisson-Cohen. L’employeur est alors tenté d’exploiter une main-d’œuvre prête à accepter un salaire de misère, entretenant ainsi le fantasme du » plombier polonais » et du dumping social.
Les conséquences de ces divergences sont multiples. Pour les retardataires, plane la menace d’une » décennie de croissance perdue «, alerte Mme Boisson-Cohen : les jeunes cerveaux qui ont fui vers des pays plus prometteurs reviendront-ils dans leur pays d’origine ? Si ce n’est pas le cas, une dualité entre les pays du centre, aimants à emplois et à investissements, contre ceux de la périphérie, pourrait s’installer et, avec elle, la montée de l’europhobie. » Tout le monde aurait des raisons d’être contre l’Europe «, prévient M. Palier : le Nord pensant que le Sud ne fait pas assez d’efforts et le Sud ne voyant plus d’attrait à cette union qui ne lui apporte pas la prospérité espérée.
La crise de 2010 qui a conduit les Etats surendettés à adopter des politiques de rigueur n’est pas seule » coupable «. Si l’austérité généralisée a conduit certains Etats à réviser à la baisse les prestations sociales et à réduire le niveau de rémunération des travailleurs pour restaurer leur compétitivité, la dégradation du contrat social est antérieure.
La machine s’est grippée dès la fin des années 1990. Les orientations politiques n’étaient plus les mêmes entre Etats membres conduisant certains à renoncer à des objectifs d’obédience sociale-démocrate. Les investissements ont manqué, et la mise en place de l’euro, une union monétaire incomplète, sans coordination budgétaire et sociale (notamment sur l’évolution des salaires) a ensuite ouvert la voie aux divergences. Enfin, » nos Etats providences ne se sont pas adaptés aux nouvelles réalités de la mondialisation «, pense la coauteure de l’étude.
Pour restaurer l’idée d’un contrat social européen, les deux experts ont des pistes. Il s’agit notamment d’instaurer une sorte de » smic européen » qui tiendrait compte des écarts de compétitivité. Il n’est pas question de fixer un montant unique en valeur absolue mais un barème : le salaire minimal équivalent, par exemple, à x % du salaire médian du pays concerné.
Reste l’essentiel : investir. » Investir et non indemniser «, précise
Mme Boisson Cohen. Dans le capital humain avec, notamment, la formation, l’éducation, et la recherche et le développement. Ainsi les pays à la traîne pourraient redevenir attractifs et compétitifs. Et si les Etats n’en ont pas les moyens, il sera nécessaire de mobiliser les fonds européens. Utopique ? Le plan Juncker d’investissements de 315 milliards d’euros est un signal positif. » L’idée est là, il reste à définir la structure «, pense M. Palier.
Claire Gatinois
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