Cosas de Joseph Stiglitz.
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No está solo. Valery Giscard d’Estaing piensa que, a estas alturas, la mejor manera de ayudar al pueblo griego sería una “salida amistosa” de la zona euro, “La Grèce doit sortir de l’euro”.
¿Tan mal van las cosas?
Peor:
-La UE y las instituciones de la zona euro debían favorecer la “armonización” y “convergencia” de las economías de los Estados miembros: la crisis ha agravado enfrentamientos y divergencias de fondo.
-Al no existir un presupuesto ni una fiscalidad común, las divergencias se agravan; y los buenos o malos remedios de unos y otros crean tensiones de un costo social muy duro: “Los españoles han pagado un precio muy alto por el egoísmo de Alemania y Francia”.
-Grecia, en el fondo, “solo” es el revelador más crudo de unas divergencias que tienen otros frentes, eclipsados por la tragedia griega.
-¿Resolvería la crisis una salida brutal o amistosa de Grecia de la zona euro? Tampoco
¿Qué hacer? Los miembros de la zona euro han decidido seguir remando contra corriente. Esperando que el Reino Unido no abra una nueva crisis institucional. Esperando que la salida (¿?) de la crisis permita diluir los nubarrones.
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Le Monde, 20 / 21 abril 2015.
“Si rien ne change, l’union monétaire court à sa destruction” Pour le Prix Nobel Joseph Stiglitz, il manque la volonté politique de faire fonctionner la monnaie unique
Marie Charrel
Etes-vous un europhile inquiet?
Oui. Je suis un ardent défenseur de la construction européenne et du projet de l’union monétaire. Mais je redoute que les forces aujourd’hui à l’œuvre sur le Vieux Continent, si rien ne change, ne mènent à sa destruction. Ce serait terriblement triste.
Les choses n’iraient-elles pas mieux si la Grèce quittait la zone euro?
Absolument pas. La solution n’est pas de chasser Athènes, c’est de faire fonctionner la zone euro correctement. Le problème fondamental est que l’euro est un projet politique, mais que, paradoxalement, la volonté politique de faire fonctionner la monnaie unique est absente. Il y avait à l’origine l’espoir que, lorsqu’une crise surviendrait, cette volonté politique
émergerait enfin, mais ce n’est pas arrivé. Bien au contraire, la crise a divisé les pays membres, alors que l’euro était supposé rassembler les Européens.
Comment, dès lors, améliorer le fonctionnement de l’union monétaire?
Il convient de compléter l’union bancaire, qui ne peut pas se résumer à la seule supervision unique des banques, mais doit s’étendre à l’assurance commune des dépôts. A terme, il faudrait également créer des euroobligations et renforcer l’intégration budgétaire.
Mais, à mon sens, la priorité devrait être d’abandonner pour de bon les politiques d’austérité, car elles appauvrissent les pays les plus démunis et exacerbent les divisions. Malheureusement, une partie des leaders européens restent attachés à des remèdes qui ne fonctionnent pas. Cela me désole. Regardez la Grèce : le pays a avalé la cure de rigueur prescrite par la “troïka”, et cela n’a pas marché. Le PIB est 25 % moins élevé qu’avant la crise. Où est la reprise promise? Le taux de chômage des jeunes bat des records en Espa- gne, les poussant à l’exil : où est la reprise ? Les leaders européens sacrifient une génération entière de jeunes Européens sans se remettre en question, c’est criminel.
La relance monétaire massive menée par la Banque centrale (BCE) permet- tra-t-elle le retour de la croissance?
Elle y contribuera, mais il ne faut pas en attendre des miracles. Les rachats massifs de dettes publiques de la BCE ont fait baisser l’euro face aux autres devises, c’est une bonne chose pour les exporta- tions. Mais cela ne résoudra pas le problème essentiel de la zone euro, à savoir que le canal du crédit est brisé. En Espagne, en Italie, au Portugal, le crédit aux PME ne repart pas, car la demande est atone. Le QE (quantitative easing, assouplissement quantitatif) est mieux que rien, mais seuls l’abandon des politiques de rigueur et la remise à plat des institu- tions de l’union monétaire permettront un véritable retour de la croissance.
Le problème n’est-il pas la trop grande divergence des situations économiques entre les Etats membres?
Non, le problème est plutôt l’absence de mécanismes de correction. Regardez les Etats-Unis: quel rapport y a-t-il entre la région des Grands Lacs et le Mississippi? Entre Seattle et la Floride ? Les Etats du nord et du sud ont des politiques et des trajectoires économiques très différentes. Mais cela tient, car le ni- veau fédéral joue son rôle.
Si une banque fait faillite en Californie, le niveau fédéral intervient. Si le chômage explose en Alabama, le budget fédéral verse l’assurance-chômage. Nous disposons des institutions permettant de stabiliser notre économie. Avec les années, ces institutions ont même fini par instaurer une culture commune entre le nord et le sud des Etats-Unis, qui, il y a cent cinquante ans, se faisaient la guerre autour de la question de l’esclavage.
Dans la zone euro, rien ne corrige les déséquilibres. Citons un seul exemple : l’Allemagne accumule un excédent courant excessif au regard de ses besoins, déséquilibrant l’ensemble de l’union mo- nétaire. C’est délirant, et pourtant personne ne lui dit rien!
Propos recueillis par Marie Charrel.
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Le Monde, 20 / 21 abril 2015
Les trois scénarios de sortie de la monnaie unique
Irréversible, l’euro? Ses défenseurs voudraient le croire, mais en vé- rité, l’argument résiste mal à l’examen historique. “Il suffit de se tourner vers le passé pour constater que, en matière d’union monétaire, ce qui a été fait peut toujours être défait”, résume Alexan- dre Delaigue, professeur d’économie à Saint-Cyr – qui n’a rien d’un eurosceptique. Exemple : l’union latine, qui a explosé en 1927, l’union scandinave, dissoute en 1914, ou, dans un autre re- gistre, la zone rouble, achevée en 1991 avec la fin du bloc soviétique…
Souvent agités pendant la crise des dettes souveraines de 2010, les scénarios d’une fin de la zone euro sont de retour depuis la résurgence de la crise grecque. Voici les principaux.
L’explosion. Elle pourrait se produire si, faute d’accord avec ses créanciers, Athènes décidait de quitter la zone euro – même si, en théorie, aucun mécanisme ne le prévoit. Ou, plus probablement, si un échec des négociations poussait de fait la Grèce aux portes de l’euro. Certains observateurs assurent que le cas grec jouerait alors comme un repoussoir, et que la zone euro en sortirait renforcée.
Mais il est tout aussi probable que chaque fois qu’un Etat rencontrera des difficultés budgétaires ou économiques, la menace d’une sortie occupe à nouveau les esprits. Les parefeu créés pendant la crise, comme le Mécanisme européen de stabilité, ne suffiraient plus à éteindre les paris des spécula- teurs sur le prochain pays expulsé : l’Italie ? Le Portugal ? L’Espagne ? “Sur le long terme, ces incertitudes risqueraient fort de conduire à la mort de la zone euro”, juge Gilles Moec, de Bank of America-Merrill Lynch.
La sortie “amicale”. Le 18 février, Valéry Giscard d’Estaing, exprésident français, évoquait l’option d’un “friendly exit”, une “sortie amicale” d’Athènes de la zone euro. Une idée également défendue par Hans-Werner Sinn, le patron de l’institut de conjoncture allemand IFO. Selon lui, il serait tout à fait possible d’organiser une sortie temporaire de la Grèce, le temps que le pays se refasse une santé. Quitte à lui permettre de revenir plus tard.
A première vue séduisant, un tel scé- nario marquerait en vérité, là encore, la fin probable de la monnaie unique. “Il offrirait un manuel de sortie de l’euro qui rendrait le projet même de l’union monétaire difficilement tenable à long terme”, explique M. Delaigue.
Si chaque pays en difficulté est temporairement expulsé de la zone euro, à quoi bon construire des mécanismes de solidarité entre membres ? Et pour- quoi, au fond, s’encombrer d’une mon- naie unique plutôt que de se contenter d’un système de taux de change fixe?
La lente déliquescence. C’est peut- être le scénario le plus probable. Si l’on se contente des mécanismes mis en œuvre pendant la crise, certes in- dispensables, l’union monétaire res- tera incomplète et sous-optimale. “C’est-à-dire incapable de permettre aux Etats membres d’atteindre leur plein potentiel de croissance et d’emploi”, précise Guntram Wolff, du think tank Bruegel.
Dès lors, deux scénarios sont possibles : la zone euro tient ainsi, bon gré mal gré. Ou bien les trajectoires économiques entre les membres divergent plus encore. Le taux de chômage reste élevé dans les pays du Sud, alors que les pays du Nord, qui frisent déjà le plein-emploi, continueront de se renforcer. Au risque de se demander ce qu’ils gagnent à faire partie de la zone euro. Voire, de se résoudre à la quitter…
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