Cosas de Elie Cohen, que me merece gran respeto intelectual.
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Le Monde, 7 julio 2015. Le “Grexit” est l’issue d’une crise dont Athènes est responsable…
… “Grecia se ha beneficiado desde 1981 de ayudas europeas masivas, equivalentes a 4 puntos del PIB”.
“Grecia se benefició de dinero excepcionalmente barato”.
“En lugar de construir una economía productiva, Grecia malgastó con mucha constancia las ayudas recibidas y puso en marcha un Estado clientelista, al servicio de una economía del consumo dopado con dinero público”.
“Grecia se transformó en una economía de rentistas pagados con ayudas europeas, dependiendo de la fluidez de los flujos finacieros pagados por el norte y el sur de Europa”.
“Tras duplicar sus déficits y elevar las deudas, privada de acceso a los mercados de capitales, por su propia culpa, Grecia comenzó a pedir nuevas ayudas a los países europeos”.
“El primer plan fue insuficiente”.
“El segundo plan de ayuda obligó a reestructurar la deuda”.
“Grecia siguió hundiéndose en la insolvencia”.
“La última opción consiste en confirmar que Grecia no acepta el juego de las instituciones europeas y prefiere una agonía lenta bajo la vigilancia de sus tutores europeos, una aventura solitaria y arriesgada”.
“Cabe organizar la Grexit, lo mejor posible, para intentar evitar un empobrecimiento rápido y dramático del pueblo griego”…
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Le Monde, 7 julio 2015
Le Grexit est l’issue d’une crise dont Athènes est responsable
La sortie de l’eurozone de la Grèce, pays miné par le clientélisme, ayant gaspillé sans frein les aides européennes, est en passe de s’imposer. Il reste à l’organiser pour en amortir les conséquences politiques
Elie Cohen
La conversation publique porte à présent sur la sortie de la Grèce de la zone euro, ses modalités techniques, ses effets politiques. Par un enchaînement fatal de gestes politiques mal calculés comme le référendum, d’eurofatigue des opinions publiques, d’enchaînements techniques comme les défauts partiels sur la dette ou le gel des financements exceptionnels des banques grecques par la BCE, cette perspective, hautement improbable il y a peu encore, est en passe de s’imposer.
Au départ, il y a le triple constat largement partagé d’une Grèce » victime de ses bienfaiteurs européens «. La Grèce, faut-il le rappeler, a bénéficié à partir de 1981 de transferts équivalents à 4 points de PIB de la part des institutions européennes, elle a bénéficié ensuite de taux d’intérêt exceptionnellement bas avec l’entrée dans l’eurozone. Loin de bâtir une économie productive, elle a gaspillé avec constance les aides reçues, elle a mis en place un Etat clientéliste au service d’une économie de consommation dopée par l’argent public. Elle s’est ainsi transformée en économie de rente, dépendant pour son financement de la fluidité des flux financiers entre le nord et le sud de l’Europe. Après avoir atteint un double déficit de balance courante et de finances publiques de 15 % du PIB, la Grèce, privée d’un accès aux marchés, fait appel à ses partenaires européens qui mettent en place un premier plan d’ajustement structurel.
Des aides paradoxales
Une terrible cure d’austérité sans bénéfice durable pour la croissance et pour la restauration des finances publiques est alors mise en œuvre, alors que la troïka plaidait pour un autre équilibre entre coupes budgétaires et réformes structurelles permettant de dynamiser l’offre productive. Le premier plan se révélant insuffisant et inutilement punitif, un deuxième plan d’aide est décidé, accompagné d’une lourde restructuration de la dette privée. Mais la Grèce continue à s’enfoncer dans l’insolvabilité et fait face à des créanciers devenus publics comme le FMI, la BCE, ou le Mécanisme européen de stabilité (MES). Toute narration qui prétendrait résumer l’affaire grecque aux effets criminels de politiques d’austérité inadaptées ou au fardeau de dettes odieuses, méconnaîtrait l’histoire moderne de la Grèce et le caractère paradoxal des aides européennes, bienvenues mais mal utilisées, dispensées collectivement mais non supervisées.
Sur ces bases, le plan rêvé pour garder la Grèce au sein de l’eurozone – et conforter ainsi son rôle géopolitique de gardien du flanc sud-est de l’Europe – consisterait à lui offrir un paquet comportant des aides nouvelles, en échange de mesures de consolidation budgétaire et de réformes structurelles, un plan d’investissement massif pour stimuler la croissance, et une réduction de la dette pour que l’avenir de sa jeunesse ne soit plus plombé. De telles mesures pour bâtir une économie productive, un Etat de droit efficace et moderne et une administration allégée étaient encore possibles en 2014, et même après l’arrivée de Tsipras. Celui-ci avait fait naître quelques espoirs. A cause de sa radicalité proclamée, il pouvait faire preuve d’audace en matière fiscale, corriger les violentes inégalités dans son pays, s’attaquer aux rentes de situation, libérer l’économie de ses entraves corporatistes, et l’Etat d’un clientélisme endémique.
Après le référendum gagné par Tsipras, trois options théoriques sont envisageables. La première consiste à accorder à la Grèce des aides nouvelles, en échange d’un programme moins austère, et une réduction de la valeur de la dette de 30 %, comme suggéré par le FMI. Une telle issue paraît fort improbable pour trois raisons. La construction européenne étant d’essence juridique et procédurale, ce projet du 25 juin est forclos, de même que le deuxième plan d’assistance. Par ailleurs, l’opposition allemande à un abandon de créances, même limité, a peu de chances d’avoir disparu, d’autant qu’une telle décision serait une incitation pour Podemos ou le Front national à réclamer de pareilles coupes. Enfin, Tsipras a gagné son référendum en promettant de mettre un terme à l’austérité. Or, il devra accepter nombre de propositions sur la TVA ou les pensions pour arracher un éventuel troisième plan d’aide.
La deuxième option consiste à donner du temps au temps. Pour cela, il faut rapidement reprendre les négociations avec une perspective crédible d’aboutir. Tsipras peut constituer une délégation de négociateurs représentative de toutes les forces politiques grecques, et il peut renoncer à ses demandes les moins réalistes. La BCE peut alors légitimement considérer qu’un accord étant à portée de la main, elle peut rétablir le financement exceptionnel des banques grecques et éviter ainsi leur effondrement. La BCE pourrait, par ailleurs, trouver un arrangement pour l’échéance du 20 juillet – jour où la Grèce doit lui rembourser 3,5 milliards d’euros – . Le MES pourrait mettre en place des prêts relais exceptionnels dans l’attente de l’adoption et de la ratification du troisième plan. Même si le temps venait à manquer, le gouvernement grec pourrait émettre des IOU (» I Owe you «, » je vous dois «), c’est-à-dire une monnaie parallèle gagée sur les rentrées fiscales. Ce scénario possible à court terme est malgré tout improbable sur la durée, car il est fondé sur la volonté de la Grèce de renoncer à ses demandes, sur l’infinie bienveillance de la BCE, sur un revirement de l’Allemagne et sur un accord des Finnois, Hollandais, Slovaques. Un tel arrangement surtout ne fera que différer le » Grexit «, tant les faiblesses structurelles identifiées et les positions cristallisées des acteurs européens laissent peu d’espoir de retour à la normale.
La troisième option consiste enfin à prendre acte du refus de la Grèce de jouer le jeu des institutions européennes, de préférer à une lente agonie sous la surveillance de ses tuteurs européens, une aventure solitaire plus risquée. L’enjeu est dès lors pour les gouvernements de l’eurozone d’organiser le » Grexit » le mieux possible, en tentant d’éviter à la fois une paupérisation rapide et dramatique de la population grecque, et le blâme d’une partie de l’opinion européenne qui accusera ces gouvernements d’affamer les Grecs pour se venger de l’audace des démocrates helléniques. Ici, la position de François Hollande devient délicate et cruciale.
Elie Cohen
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