Entrevista de Georgia Diaz sobre mi trabajo profesional, que yo cubro con el tupido velo de una cita de Helmut Newton.
La Courier d’Espagne
Le premier journal des français et francophones d’Espagne
Juan Pedro Quiñonero: «I am a gun for hire»
Rendez-vous est pris un dimanche, en début d’après-midi… 15 heures 30 : l’Espagnol se cache parfois dans les détails ! Juan Pedro Quiñonero reçoit dans son confortable appartement du sixième arrondissement de Paris. Des livres par dizaine envahissent le bureau du correspondant de l’ABC à Paris, lui-même écrivain connu et reconnu.
Vous êtes correspondant à Paris depuis des années, mais pourquoi avoir choisi la France?A vrai dire, j’aurais voulu être correspondant en Californie. J’ai travaillé à Moscou, j’y étais à la mort de Mao. J’étais à Bruxelles quand l’Espagne a négocié son entrée dans l’Union Européenne. Je parle allemand, anglais, italien et français. Mais, je suis à Paris depuis des siècles, en effet. Je me suis marié ici. Et je dois même être le seul des correspondants espagnols à avoir acheté un appartement dans la capitale. Mais il faut dire que j’ai grandi en France. J’étais « un petit espagnol de m… » dans le quartier du « Soleil », à Saint-Etienne. C’était un quartier de Polonais. Un jour, je me suis fait insulter par un camarade et je ne pouvais même pas me défendre en français. J’ai donc frappé le gars. Mon maître nous a puni mais a pris ma défense. Il nous a fait un sermon pour que nous fassions la paix et il a même demandé à deux plus grands de venir me chercher le matin et de m’accompagner à l’école…
Et quel regard portez-vous sur la France, après tant d’années d’observation?
Quand j’ai commencé ici, la France était une grande puissance. Avec l’Allemagne, elle avait l’initiative et le français était la première langue de l’Union Européenne. Aujourd’hui la France a perdu de sa vigueur. Et ce qui m’a marqué, ce n’est pas un souvenir en soi mais ce long déclin de la France. Elle a perdu du terrain, dans plusieurs secteurs. Elle vit à crédit, depuis vingt ans… Il y a bien une France dynamique, dans les domaines agricoles, nucléaires et les secteurs du luxe. Mais un certain immobilisme, notamment des secteurs publics, freine son expansion. A la veille des élections présidentielles, on parle de rupture. Il faudrait plutôt parler de restauration et restaurer jusement le moral, de la France, les bases de sa réussite qui remontent à Louis XIV.Vous parlez justement des présidentielles 2007… Pour un correspondant étranger, cette perspective doit être assez excitante?
Oui et non… On verra bien ce qui se passera. L’année 1981 a-t-elle été finalement si déterminante? Personne ne veut se souvenir qu’on devait alors en finir avec le capitalisme… Alors 2007 sera-t-elle une année déterminante, une année de rupture?On verra… Puis ma vie ne commence ni se termine comme correspondant de presse. J’ai débuté et ai gagné ma vie comme correspondant mais je pourrais continuer maintenant sans cette casquette-là. Comme le disait Helmut Newton, «I am a gun for hire» («je prends des commandes»). Mais le projet qui me tient à coeur, c’est de réaliser un blog sur les affaires européennes. Un blog, c’est au moins sept ou huit publications par jour, cela représente beaucoup de travail et surtout une quantité gigantesque d’informations. Ce serait l’occasion de traiter des angles et des thèmes que n’étudient pas les journaux traditionnels.
- De l’auteur notamment: Proust y la revolución (1972), La locura de Lázaro (2006)
Georgia Diaz
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