Vista aérea paisaje castellano. Vuelo Madrid / París del 7 octubre 2009. Foto JPQ.
La desertización avanza de manera inquietante en toda la cuenca mediterránea.
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Le Monde consagra mucho espacio a ese problema, de inmenso calado.
Llevo años subrayando la dimensión carpetovetónica de tal proceso saturnal: Ecología y corrupción en España: la desertización moral acelera la desertización geográfica.
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Le Monde, 7 / 8 agosto 2013
Climat et habitat attisent les risques de feux dans les forêts méditerranéennes
Dans la région espagnole de Valence, au cours des quarante dernières années, les incendies ont doublé et les surfaces carbonisées ont été mutipliées par huit.
Près de 8 000 hectares calcinés entre le 26 juillet et le 3 août en Espagne, sur l’île de Majorque et dans les provinces de Caceres, Guadalajara, Zamora et Avila. Plus 4 000 hectares consumés le 27 juillet en Grèce, dans l’archipel du Dodécanèse, et près de 2 000 hectares le même jour dans la région d’Héraklion. Et 1 700 hectares partis en fumée le 1er août au Portugal dans le bassin du Douro…
Chaque été, la forêt méditerranéenne paie un lourd tribut au feu. Dans les cinq pays européens les plus vulnérables (Portugal, Espagne, France, Italie et Grèce), 500 000 hectares en moyenne sont ravagés tous les ans par les flammes. L’Hexagone, qui a bénéficié d’abondantes précipitations printanières, a été relativement épargné depuis le début de l’année, avec un peu moins de 700 hectares brûlés par 424 incendies, dont les deux tiers en Languedoc-Roussillon.
Mais la trêve n’est que provisoire. Sur tout le pourtour méditerranéen, les modèles scientifiques annoncent un risque d’incendie accru dans les prochaines décennies sous l’effet d’un double phénomène. D’une part, le réchauffement climatique, marqué par des sécheresses plus intenses et plus rapprochées. D’autre part, la pression urbaine, qui s’accompagne de l’exode rural et du recul des terres cultivées, laissées en friche, puis reconquises par la forêt.
C’est l’impact conjugué des changements climatiques, sociaux et économiques sur les feux de forêt qu’étudie le programme de recherche européen FUME. Coordonné par l’Espagne, il fédère 33 partenaires de 17 pays d’Europe mais aussi du Maghreb, la Turquie, l’Afrique du Sud, l’Australie, le Chili et les Etats-Unis.
Ses résultats seront présentés fin novembre mais les équipes françaises de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) en livrent l’une des conclusions : il faut s’attendre à des incendies plus fréquents et menaçant des territoires jusqu’alors préservés, même si les surfaces détruites seront sans doute limitées par une prévention et une lutte plus efficaces. » Moins de grands feux mais plus de petits «, donc.
La Provence, où est installée, au pied de la montagne Sainte-Victoire, l’unité de recherche de l’Irstea sur les écosystèmes méditerranéens et les risques associés, est un terrain d’observation idéal. » Les cinq années de sécheresse exceptionnelle subies entre 2003 et 2007 préfigurent le climat futur, dont on peut ainsi pressentir l’impact «, décrit Michel Vennetier, ingénieur-chercheur en écologie forestière.
Du haut d’un échafaudage de 18 m dressé au-dessus d’une parcelle d’étude dans la forêt de Fontblanche, près du massif de la Sainte-Baume, le chercheur montre les dégâts sur les peuplements de pins d’Alep, essence caractéristique des milieux méditerranéens : » A première vue, les arbres ont l’air en bonne santé. En réalité, ils n’ont pas récupéré des cinq années de stress hydrique. Voyez comme leur surface foliaire est réduite, avec des ramifications mortes et très peu d’aiguilles. On aperçoit le sol à travers les houppiers clairsemés. »
Paradoxe, le réchauffement a aussi pour effet de faire dépérir les arbres… de froid. » Regardez cette branche, poursuit l’écologue. Au lieu de la trentaine de rameaux qu’elle devrait porter, elle n’en a que trois. Le reste est mort. »
Alors qu’en temps normal les pins se mettent en » dormance » aux premiers froids, ils sont leurrés par des hivers trop doux. Leurs vaisseaux conducteurs de sève restent en activité et la floraison a déjà débuté lorsque surviennent les gels de printemps, alors fatals. » Entre la sécheresse et le gel, c’est autant de biomasse sèche qui servira de combustible pour les feux «, résume Michel Vennetier.
Les collines provençales donnent aussi un bon aperçu des liaisons dangereuses entre habitations et forêts. Il ne s’agit pas, ici, d’emprises aussi vastes que l’extension urbaine de Marseille ou d’Aix-en-Provence. Mais d’un résidentiel diffus, disséminé parmi les pins et les chênes.
Des maisons se sont nichées sous les frondaisons. Des villages, hier protégés par des champs, côtoient la pinède. Des » restanques » (murets de culture en terrasse) ne soutiennent plus que des lopins de terre à l’abandon. Et l’obligation de débroussailler dans un rayon de 50 m est inégalement respectée. Or » la plupart des départs de feux se produisent dans la zone d’interface entre habitat et forêt «, précise Eric Maillé, ingénieur-chercheur dans la même unité.
Si la proximité des espaces naturels et des implantations humaines augmente le péril, c’est en partie en raison de la déprise agricole.
Une récente étude recensant les feux de forêt depuis cent trente ans dans la province espagnole de Valence a mis en évidence que leur nombre a été multiplié par deux depuis le début des années 1970, en moyenne annuelle, et les surfaces carbonisées par huit. Cela, en raison de la chute de la population rurale et du développement du couvert boisé.
Avec l’accroissement de la densité démographique sur la façade méditerranéenne, le risque est démultiplié. Pour mieux l’évaluer, l’Irstea développe, avec des équipes espagnole et italienne, des logiciels de cartographie de ces zones sensibles. La version la plus avancée devrait être opérationnelle début 2014.
Destiné aux gestionnaires du territoire et aux élus européens, cet outil pourrait aider à mieux identifier et à protéger les secteurs vulnérables. D’autant, préviennent les chercheurs, que si l’aire méditerranéenne a appris à vivre avec le feu qui a façonné ses paysages au fil des siècles, la montée vers le nord des incendies, sous l’effet d’un climat plus chaud et plus aride, met en péril des régions qui n’y sont pas préparées.
Pierre Le Hir
Las negritas son mías.
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