Villepinte, 12 marzo 2012. Fotos JPQ.

Le Monde, 13 febrero 2014: A l’approche des municipales, l’UMP rêve de renouer avec «l’électorat musulman».

[ .. ]

Llevo años fotografiando ese proceso:

[ .. ]

[ .. ]

[ .. ]

Villepinte, 12 marzo 2012. Fotos JPQ.

• Sarkozy, a la caza y captura de votos negros y musulmanes.
• Sarkozy, entre su gente.
• Musulmanas contra el matrimonio homosexual.
• Padre y niños negros contra el matrimonio homosexual.

• Fotografía, Francia e Islam en este Infierno.

[ .. ]

Le Monde, 13 / 14 febrero 2014.

«Il y a des valeurs communes entre la droite et les Français de confession musulmane»

Vincent Tiberj est chercheur au centre d’études européennes et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Il est notamment à l’origine de deux enquêtes qui font référence sur les comportements électoraux des Français issus de l’immigration : les enquêtes Rapfi, réalisées en 2005 et 2008, dont les résultats ont été publiés dans l’ouvrage Français comme les autres ?, cosigné avec Sylvain Brouard (Les Presses de Sciences Po, 2005).

Jean-François Copé a-t-il raison de penser qu’il y a des voix à prendre du côté de l’électorat musulman et maghrébin ?

-Ce n’est pas la première fois que l’UMP essaye de faire cela. Il faut se souvenir qu’en mars 2012 des transports en car avaient été affrétés par des associations musulmanes depuis des mosquées d’Ile-de-France afin de faire venir tout un public musulman au meeting de Nicolas Sarkozy, à Villepinte – Seine-Saint-Denis – . M. Sarkozy avait aussi agité ces réseaux-là en 2006, à la veille du lancement de sa campagne pour l’élection présidentielle. Et de fait, M. Copé a raison de dire qu’il y a certaines valeurs communes entre la droite et les Français d’origine maghrébine et/ou de confession musulmane.

Quelles sont ces valeurs ?

-Ces valeurs ont été mises en relief dans les études Rapfi menées auprès des Français d’origine maghrébine, africaine et turque. Lorsqu’on leur demandait s'» il faut travailler dur pour réussir «, ils étaient 82 % à répondre oui, contre 55 % du reste de la population.
Lorsqu’on leur demandait aussi si » gagner de l’argent est important dans la vie «, ils étaient 47 % à répondre par l’affirmative, contre 30 % des autres Français. Même chose sur les questions culturelles. Ils étaient 39 % à considérer que » l’homosexualité n’est pas une manière acceptable de vivre sa sexualité «, contre 21 % du reste de la population. Quelque 32 % étaient également contre le fait que les femmes puissent avoir des rapports sexuels avant le mariage, contre 8 % du reste de la population. En ce sens, ce n’est donc pas absurde que l’on ait vu des organisations musulmanes aller manifester dans les cortèges de La Manif pour tous.

Sur quels points cet électorat, qui vote aujourd’hui encore majoritairement à gauche, n’est-il pas en phase avec l’UMP ?

Sur l’attachement à l’Etat. Dans les enquêtes Rapfi, ils étaient 66 % à estimer que l’Etat devrait plus contrôler les entreprises, contre 52 % du reste des Français. Par ailleurs, l’UMP est dans un paradoxe. D’un point de vue social, il y a un même attachement à la culture de la réussite individuelle avec les Français d’origine maghrébine, africaine ou turque, mais sur le plan, notamment, de la représentation de l’immigration, il y a une opposition majeure. Cet électorat est moins sensible, par exemple, que la majorité des électeurs de droite, à l’idée qu’avec l’immigration » on n’est plus chez soi «.

Le gros problème de cette tentative de séduction de l’UMP – mais aussi du Parti socialiste parfois –, c’est qu’elle part du principe que ce qui compte, c’est d’être de confession musulmane. Or ce n’est pas la logique première de leur alignement politique.

C’est-à-dire ?

La logique première de ces électeurs, c’est la manière dont les traite la société d’accueil. Il y a ainsi un lien très fort entre le fait de virer à gauche et d’appartenir à une minorité visible. De ce point de vue, la France est dans la même situation que les Etats-Unis, avec un phénomène que l’on appelle le » Color Divide «. Les Afro-Américains et les latinos qui votent pour le Parti démocrate forment un bloc politique qui, en France, correspond aux Maghrébins, à leurs descendants, aux Africains et aux ultramarins. Dans l’enquête Rapfi, ils étaient 63 % à se considérer à gauche, contre 37 % du reste de la population.

Dans cet échantillon, ceux qui se déclaraient de confession musulmane votaient à plus de 60 % à gauche alors que c’était le cas de seulement 56 % des chrétiens. Comme on est dans une société qui met en doute les capacités d’intégration de ceux qui n’ont pas le phénotype classique, on a une partie de la population qui passe à gauche contre ses valeurs.

Certains élus d’opposition semblent s’inquiéter de subir à terme un éventuel revers politique, à la façon des républicains américains. Qu’en pensez-vous ?

Ils ont raison de s’inquiéter. Les républicains ont perdu une grande partie de l’électorat latino qui gagne en importance alors que, d’un point de vue culturel, ces derniers sont plus proches d’eux que des démocrates. Les latinos ont une plus forte pratique religieuse, ils sont donc plus enclins à rejeter, par exemple, l’avortement.

Mais le Parti démocrate est aujourd’hui celui qui défend les minorités. Il risque donc de se passer avec les latinos la même chose que ce qui s’est passé avec les Afro-Américains. Alors qu’il y a désormais une vraie élite et une bourgeoisie noires, les Afro-Américains votent encore à plus de 90 % pour les démocrates ! Ils ne votent plus selon leurs propres intérêts, mais celui de leur » communauté «.

• Propos recueillis par Elise Vincent.