“Los cubanos, desamparados ante la progresión de la pobreza…”
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Ante tal realidad, las crónicas sobre la dinastía castrista tienen para mí algo de obsceno, desalmado, brutal, tan penoso como nuestra indiferencia culpable.
Copio y pego la crónica de Le Monde:
Les Cubains désemparés face à la progression de la pauvreté
La Havane Envoyé spécial – Le principal marché de La Havane se trouve sur la place Cuatro Caminos. Jadis appelé le «Mercado Unico», il faisait office de halles centrales. Le rez-de-chaussée grouille d’activité, mais l’étage est désaffecté. La toiture s’est effondrée, les vitres sont brisées. «Cela fait des années, j’ai toujours connu le second étage à l’abandon», soupire Mayra, une vendeuse de fleurs. Cet édifice à moitié en ruines est à l’image du pays, au moment où le virage économique amorcé par le président Raul Castro doit être avalisé par le congrès du Parti communiste de Cuba, du 16 au 19 avril à La Havane.
Au sud de la capitale s’élève une centrale électrique dont il ne reste plus que la structure. Plus loin, à El Cotorro, la brasserie Hatuey est la seule à fabriquer encore de la bière en bouteille. Pourtant, l’économie locale ne dépend pas de l’usine, mais de l’habileté de ses mécaniciens. La réparation de vieilles voitures américaines ou de Lada fatiguées, le rapiéçage des tôleries ou la fonderie de pièces de rechange introuvables se font dans la rue, à défaut d’ateliers.
Cette activité artisanale relève de l’économie informelle, récemment encore illégale, quoique tolérée. «Ici, la police n’ose pas venir nous embêter, car elle a peur des réactions», assure Miguel, un tôlier qui appartient à la confrérie d’entraide afro-cubaine Abakua. «Les autorités ont perdu le contrôle sur les faubourgs marginalisés», confirme l’opposant social-démocrate Manuel Cuesta Morua, lui aussi d’ascendance africaine.
Les quartiers pauvres du vieux La Havane dissimulent le dénuement à l’intérieur des patios et solares (immeubles collectifs), où s’entassent trois générations d’une même famille. En revanche, la ceinture de la capitale étale sa pauvreté. Les baraques de fortune, les bidonvilles se multiplient.
Dans ces asentamientos vivent les migrants venus de l’est de l’île, des sans-papiers dans leur propre pays, qui n’ont pas le droit de déménager à La Havane ni d’y travailler. Les Havanais les appellent «Palestinos», parce qu’ils viennent des provinces orientales. «A Santiago de Cuba, je ne trouvais pas d’occupation, alors je suis venu tenter ma chance», affirme Calixto, qui vend des DVD piratés.Salustio, lui, gagne sa vie en fouillant les poubelles du quartier résidentiel du Vedado. En argot local, c’est un buzo (plongeur). Lorsqu’il apprend que son activité se trouve sur la liste des 178 métiers autorisés depuis septembre 2010, il éclate de rire : «Avant on me harcelait et maintenant ils veulent que je paye des impôts ? Ils sont fous !», dit-il en référence aux autorités. C’est aux bureaux des impôts que sont délivrés les formulaires en vue de régulariser le travail au noir.
Figures familières du paysage urbain, les buzos sont apparus dans les années 1990, tout comme les jineteras (cavalières), les prostituées, lorsque la fin des subsides soviétiques a précipité l’effondrement de l’économie. La mendicité, en revanche, est récente. Un vieillard à la porte d’un magasin ou un jeune homme à un arrêt de bus qui font la manche ne surprennent personne. Les andrajosos (déguenillés) et les clochards sont partout.
Chaque pâté de maison a deux ou trois timbiriches (des étals installés dans une porte cochère ou dans l’embrasure d’une fenêtre) qui vendent des sandwiches, des boissons ou des objets artisanaux, depuis l’extension légale du travail à son propre compte. Les vendeurs à la criée sont revenus dans les rues. Ils hésitent pourtant tous à s’inscrire au bureau des impôts. «Je loue une chambre à des touristes en dollars, explique Sonia, une retraitée. Mais si je dois payer des taxes que la chambre soit occupée ou pas, je ne m’en sors plus.»
«Le gouvernement reconnaît qu’il y aura des gagnants et des perdants», confie Omar Everleny Perez Villanueva, du Centre d’études sur l’économie cubaine de l’université de La Havane. «La liste des 178 métiers pouvant être exercés à son propre compte est insuffisante : quid des architectes, des médecins ou des consultants ?», ajoute-t-il. Cette liste est «absurde», tranche Rafael Hernandez, directeur de la revue de sciences sociales Temas, «mais elle légitime le débat».
Sociologues et économistes estiment qu’au moins 20 % de la population vit dans la pauvreté. Pour pallier les bas salaires et les pénuries, les Cubains ont appris à «résoudre», selon l’expression argotique : le mot «lutte» est devenu synonyme de débrouille quotidienne.
Cependant, l’économie parallèle a aussi ses laissés-pour-compte. Caritas, l’organisation humanitaire catholique, aide 25 390 personnes âgées, 5 317 individus en risque de marginalité sociale et 1 690 handicapés. «Nous craignons d’être débordés», admet Marisa Sanchez, directrice de Caritas à Cuba.
«Contrairement aux autres pays d’Amérique latine, à Cuba, il n’y a jamais eu de programmes spécifiques visant à réduire la pauvreté, l’exclusion ou la marginalité», explique Pablo Rodriguez Ruiz, de l’Institut cubain d’anthropologie.«Le socialisme était censé amener la justice sociale et l’égalité, renchérit Norberto Mesa Carbonell, de la Confrérie de la négritude, une organisation non gouvernementale. Or, les Noirs n’ont pas de bons appartements qu’ils puissent sous-louer ni de taxis qui puissent leur rapporter des pesos convertibles.» La circulation de deux monnaies (un peso convertible en devises, l’autre pas) aggrave les inégalités.
Conscient des tensions, le gouvernement ralentit le rythme des changements. Les 500 000 suppressions d’emploi annoncées pour le premier trimestre 2011 sont révisées à la baisse ou remises à plus tard. «Dans les entreprises, il y a une résistance sourde contre les licenciements, note le social-démocrate Manuel Cuesta Morua. On se dit : il n’y a pas assez à manger, le transport public ne fonctionne pas, les enfants se prostituent et le pouvoir nous ment, alors basta !»
Roberto Veiga, directeur de la revue catholique Espacio Laical, prône «un nouveau pacte social». Cela supposerait des partenaires, mais les libertés syndicales et le pluralisme ne figurent pas au programme du parti unique.
Paulo A. Paranagua
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Las negritas son mías.
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Cuba.¡Abajo la tiranía..! ¡Venceremos..! Barcelona, Paseo de Gracia, 1 abril 2010. Foto JPQ.
- Cuba en este Infierno.
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