¿Estado? ¿Nación?
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Los españoles debaten del estado de la Nación, cuando ningún Estado ni Nación europea tiene la talla crítica indispensable para pesar en las cuestiones esenciales para su futuro: economía, seguridad, independencia, libertad, en definitiva.
La mundialización / globalización de los intercambios económicos exige una talla mínima a los grandes actores que aspiren a mejorar el bienestar de sus economías, la libertad de sus ciudadanos, el progreso de sus sociedades.
Le Monde ha publicado un breve artículo de Jürgen Habermas que plantea tales sugestiones, defendiendo la tesis de la posible “superación” del Estado / Nación tradicional, a través de una integración europea de nuevo cuño:
Notre époque se caractérise par une disproportion croissante entre une société mondiale en voie d’homogénéisation systémique et la fragmentation du monde des Etats, qui demeure inchangée. De graves problèmes en résultent. Des Etats intégrés avec les volontés et consciences de leurs citoyens sont les uniques collectifs capables d’agir efficacement en se fondant sur la formation de la volonté démocratique, et d’exercer intentionnellement une influence sur leurs sociétés.
Mais ces Etats s’empêtrent toujours plus profondément dans les rapports fonctionnels qui, à leur insu, se faufilent à travers les frontières nationales. Face aux conséquences politiquement indésirables de cette intégration systémique, un besoin de régulation se fait sentir, alors même que les Etats-nations se montrent toujours moins en mesure d’y satisfaire… Repolitisons le débat européen.
Las negritas son mías.
Temas que tienen muchas otras perspectivas:
- George Steiner, el ocaso de Europa y el desarraigo de los jóvenes europeos.
- Lévi-Strauss: «Los valores de Occidente están amenazados».
- Cohn-Bendit, Finkielkraut y Quiñonero sobre las crisis de Europa.
- Los europeos están dejando de creer en el Estado providencia.
- OCDE: Europa, crisis decadente; España, peor.
- Tras huelgas y manifestaciones… la OCDE confirma el ocaso de Europa.
- Memoria histórica de las crisis europeas.
- Decadencia de Europa (suma y sigue).
- Las crisis de Europa vistas por Jürgen Habermas.
- Ocaso histórico de Europa.
- La crisis, vista por Hans Magnus Enzensberger.
- Las crisis de Europa y los EE.UU. vistas por Garton Ash y Quiñonero.
- La crisis de Europa, vista por Quiñonero y Timothy Garton Ash.
- Europa, Aron, Merkel, Sarkozy y el incierto destino de Europa.
- Quiñonero rescata una carta de Adriano a Yourcenar sobre el destino de Atenas.
- Octavio Paz: España y Europa, víctimas de euroforia.
- George Steiner y Claude Leví-Strauss sobre el ocaso de Europa.
- Benedicto XVI y Habermas, juntos frente el abismo.
- Europa(s), UE y Pensamiento en este Infierno.
Le Monde, 24 / 25 febrero 2014
Repolitisons le débat européen
La vie démocratique et l’Etat social ont pour cadre l’Etat-nation, attaqué par la mondialisation. L’Europe supranationale peut être le modèle alternatif
Notre époque se caractérise par une disproportion croissante entre une société mondiale en voie d’homogénéisation systémique et le monde des Etats, qui demeure inchangé dans sa fragmentation. De graves problèmes en résultent. Des Etats intégrés avec les volontés et consciences de leurs citoyens sont les uniques collectifs capables d’agir efficacement en se fondant sur la formation de la volonté démocratique, et d’exercer intentionnellement une influence sur leurs sociétés. Mais ces Etats s’empêtrent toujours plus profondément dans les rapports fonctionnels qui, à leur insu, se faufilent à travers les frontières nationales.
Face aux conséquences politiquement indésirables de cette intégration systémique, un besoin de régulation se fait sentir. Les politiques et les citoyens ont conscience de cette perte de capacité d’action politique, et se raccrochent avec d’autant plus de véhémence à l’Etat-nation et à ses frontières, pourtant devenues poreuses depuis longtemps. Cette défense de l’Etat-nation est compréhensible d’un point de vue psychologique, mais elle est paradoxale.
La marge de manœuvre manquant désormais à l’Etat-nation ne peut en vérité être récupérée qu’à l’échelon supranational. Mais les traités internationaux se dérobent largement aux contrôles démocratiques. Une solution alternative réside dans la formation de communautés supranationales qui, si elles n’adoptent pas dans l’ensemble le format étatique, peuvent aussi satisfaire fondamentalement aux critères démocratiques de légitimation.
Parce que seule cette voie, que nous avons empruntée avec l’Union européenne, peut conduire à une transnationalisation de la démocratie, l’Union européenne se justifie déjà pour des raisons d’autoaffirmation démocratique, contre les contraintes normativement inchangeables d’une société mondiale mise en réseau sur le mode systémique.
Le modèle de société européen repose sur le rapport interne de l’Etat social et de la démocratie. Si la progression permanente, depuis deux décennies, de l’inégalité sociale ne se laisse pas inverser, ce rapport se déchirera. Cette dérive vers une scission de la société se combine d’ailleurs à une tendance alarmante, à une paralysie politique croissante, ainsi qu’à un désintérêt prononcé des électeurs appartenant, la plupart du temps, aux couches les moins favorisées, c’est-à-dire à l’effritement de la représentation égale de l’électorat et du spectre entier de ses intérêts.
Il n’est nul besoin de partager les prérequis marxistes pour reconnaître dans le déchaînement du capitalisme des marchés financiers l’une des causes décisives de cette évolution – et, pour conclure, il nous faut mener à bien une nouvelle régulation du secteur bancaire mondial se donnant toutes les chances de réussir dans un territoire économique ayant au moins le poids et la taille de la zone euro.
Toutefois, la poursuite de l’unification européenne peut se dérouler plutôt sur le mode défensif que sur le mode offensif. Dans tous les cas, elle ne peut plus s’appuyer sur ces visions émancipatrices relevant d’une sorte d’évidence intuitive qui avaient autrefois inspiré les changements constitutionnels européens.
Les peuples européens ont de bonnes raisons de vouloir une union politique. Mais la conséquence, consistant en un élargissement des » chapes » habituelles de leurs Etats-nations, afin de leur faire partager un échelon supérieur avec d’autres nations, ne relève pas du type d’évidence intuitive qui avait jadis porté le projet européen. Cette situation de cul-de-sac est aussi une conséquence des manquements des élites politiques, de leur incapacité ou de leur refus d’associer en temps voulu leurs populations respectives au processus d’unification. Il est aujourd’hui tout particulièrement de la responsabilité des partis politiques et des médias de faire à ce sujet de l’éducation de rattrapage. Je me limite à justifier la nécessité d’un changement politique par trois problèmes urgents, mais largement niés.
Le gouvernement fédéral allemand a, depuis mai 2010, et de façon tout à fait vigoureuse, fait avant tout valoir la position semi-hégémonique de l’Allemagne en Europe. Il a ainsi généré un effet de déflagration dans la politique intérieure européenne, qu’aucune rhétorique de l’apaisement ne vient juguler. En outre, la gestion de crise a conduit ces dernières années à une extension informelle des compétences du Conseil et de la Commission, qui aggrave de façon spectaculaire l’actuel déficit de légitimation de l’UE, et provoque l’intervention de résistances nationales. Cette politique est véritablement inquiétante en ce qu’elle ne touche pas aux causes de la crise.
Le gouvernement fédéral, en raison de son poids économique et de sa puissance de négociation informelle, a imposé au Conseil européen les idées allemandes visant à surmonter les crises. Il a contraint les pays en crise à des » réformes » radicales, sans endosser la responsabilité, au niveau européen global, des conséquences plus que sévères de cette politique d’austérité manquant de tout équilibre en matière sociale. Un changement de mentalité se reflète dans cette attitude à l’encontre de partenaires plus faibles.
Toutefois, il n’est pas seulement ici question de style. Il en va de notre intérêt national de ne pas revenir à nouveau à cette » position semi-hégémonique » de l’Allemagne, qui a frayé le chemin à deux guerres mondiales, et que le processus d’unification européenne avait enfin permis de surmonter. Sans un changement politique à l’échelle de l’Europe, il ne faudra pas compter sur la bonne volonté de voisins que nous avons malmenés à travers une politique de crise imposée de façon plus que cavalière.
Nous devons certes faire le premier pas en direction d’une coopération plus étroite, mais surtout montrer notre volonté de rendre structurellement dispensable le rôle dirigeant allemand, et montrer notre volonté d’entreprendre de concert avec la France de nouvelles initiatives, en bonne intelligence avec elle, sur un même pied d’égalité – tout en faisant preuve de correction à l’endroit des petits Etats.
Avec le Mécanisme européen de stabilité (MES), les membres de l’Union monétaire européenne se
sont créé un instrument de financement destiné aux budgets étatiques en difficulté, mais les organes du MES ne sont pourtant soumis à aucun contrôle parlementaire. Car la forme du traité international ne permet aucune légitimation démocratique pour cette coopération approfondie.
La division de l’Europe entre pays payeurs et pays bénéficiant de ces paiements incite fortement, dans les vies publiques nationales, aux accusations mutuelles et à la désignation de boucs émissaires. La perception réciproquement déformée de destins inégaux dans la crise jusqu’à l’obscénité a aussi été renforcée en Allemagne par une fausse interprétation des causes de la crise. Car, la Grèce exceptée, la cause immédiate du surendettement des Etats fut l’évolution de l’endettement privé, et non, comme on le prétend, la politique budgétaire des gouvernements concernés. Mais c’est avant tout la manière de se focaliser sur la problématique des dettes étatiques qui explique le refoulement actif, jusqu’à aujourd’hui, dans la gestion de crise, des problèmes structurels fondamentaux.
La poursuite de la politique menée jusqu’ici ne peut qu’aggraver le cercle vicieux activé par les trois problèmes évoqués. Plus les compétences du Conseil et de la Commission s’étendent au fil de la mise en œuvre de la politique de consolidation, et plus la gouvernance menée derrière des portes fermées fait prendre conscience aux citoyens de la légitimation de plus en plus faible du poids grandissant de la technocratie – et plus le gouvernement fédéral se retrouve englué dans le dilemme de sa position semi-hégémonique.
Seul le gouvernement fédéral est à même de prendre l’initiative. Lui seul est en position de proposer à la France et aux pays du sud de l’Europe, où un renoncement à la souveraineté et une intégration approfondie ne soulèvent pas non plus l’enthousiasme, une solution aussi bien politique qu’économique. Naturellement, un processus très long et difficile ne pourrait débuter par ce seul signal. En outre, le signal en question ne serait digne de foi que si l’on était disposé à quatre choses : accepter une Europe à deux vitesses ; renoncer à l’intergouvernementalisme ; aspirer à un système de partis européen ; et prendre congé de l’actuel modus operandi de la politique européenne, qui est le pur produit d’une élite. Prenons ces quatre points l’un après l’autre.
Les institutions actuelles de l’Union européenne devraient être différenciées de sorte que se constitue une Euro-union se montrant ouverte à de nouvelles adhésions d’autres Etats de l’Union européenne (et avant tout de la Pologne). Une union disposant d’un cœur et d’une périphérie pourra donner suite, par exemple, aux desiderata britanniques d’une rétrocession de certaines compétences, aussi bien qu’à des désirs d’adhésion controversés (comme ceux de la Turquie), à la condition que cela soit possible dans le cadre des traités existants. Mais une modification du droit primaire serait tout d’abord inévitable, au fil de la mise en œuvre d’un changement politique à décider avant tout au sein de l’Euro-groupe.
Les très prochaines élections du Parlement européen offrent pour la première fois l’occasion d’une politisation de l’agenda, avec pour toile de fond une gestion de crise vivement controversée à l’échelle de l’Europe entière.
Des candidats communs peuvent, par-delà les frontières nationales, rendre visibles différents programmes – et de cette façon différentes possibilités de votes véritablement alternatifs. Sans une telle politisation, les élections du Parlement européen ne peuvent absolument pas mériter le nom de scrutin démocratique – et une telle politisation n’a pas encore effectivement eu lieu. Un système de partis européen devrait pouvoir aussi se développer à partir de ces commencements-là.
Enfin, les élites politiques doivent cesser de couper leur politique européenne des électorats locaux, et cesser tout autant ce mélange populiste concocté à la maison, dont les ingrédients de base sont un dénigrement systématique de Bruxelles et une rhétorique du dimanche faite de propos aimablement favorables à l’Europe n’engageant strictement à rien. En se défaisant de leurs routines, ces élites politiques pourraient structurer le combat des opinions, non pas simplement à la remorque des instituts de sondages, mais avec pour objectif premier de former résolument des opinions publiques. Car, jusqu’à présent, les vies publiques nationales sont dans l’ensemble faites de préjugés au sujet de » Bruxelles «, et non de solides opinions informées, capables de rivaliser les unes les autres avec sérieux.
Nous avons en Europe des populations suffisamment éduquées pour que le genre de fictions politiques sentimentales dont le populisme de droite aimerait nous persuader qu’elles existent n’aient pas cours. Pour une démocratie supranationale demeurant ancrée dans des Etats-nations, nous n’avons besoin d’aucun peuple européen, mais d’individus éclairés, ayant appris qu’ils sont citoyens d’un Etat et citoyens européens. Ces citoyens peuvent tout à fait, en participant à leurs vies publiques nationales, participer à une formation de la volonté politique à l’échelle de l’Europe. Pour cela, nous n’avons besoin de rien d’autre que des vies publiques nationales et des médias existants.
Tandis que les télévisions et les journaux nationaux rendent compte des débats à l’œuvre dans chacun des autres pays au sujet de thématiques pertinentes et concernant l’ensemble des citoyens de l’Union, les vies publiques nationales s’ouvrent les unes aux autres.
Traduit de l’allemand par Frédéric Joly.
Jürgen Habermas
Philosophe. Né en 1929, il a dirigé l’Institut de recherche sociale à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) en prenant la suite de Theodor Adorno jusqu’en 2001. Théoricien de l'» éthique de la discussion » et du «patriotisme constitutionnel » – l’attachement à la démocratie au-delà de la nation –, il intervient régulièrement dans la presse allemande et internationale en faveur de la construction européenne. Auteur de très nombreux ouvrages, il a notamment publié » La Constitution de l’Europe «, Gallimard, 2012 Lisez l’intégralité de cette tribune Sur Lemonde. Fr © Le Monde.
Francisco says
Ortega proponía también la superación del estado/nación, hace mas de ochenta años.
Francisco says
¿Pero si tendrá Europa hoy la grandeza espiritual para llevar a cabo una empresa como esa?
JP Quiñonero says
Francisco,
Ah, Ortega y Europa… si, él vió rápido que Europa podía y debía ser nuestro horizonte utópico. Hoy, mi diferencia con Habermas se centra en ese punto que tu evocas, la fuerza moral, espiritual. Temo, por mi parte, que la tal UE sea un conglomerado de egoismos y miedos. El egoismo y el miedo pueden unir mucho: esa es la fuerza esencial que sostiene el euro. Temo, por el contrario, que los europeos estamos faltos de la ambición moral, espiritual, que sería necesario para fraguar nuevos proyectos. Veremos,
Q.-