¿De qué se habla, discute y es motivo de reflexión cultural de fondo, en París? De Cioran y su libro sobre las enfermedades de la lengua y el alma que precipitan la decadencia de los pueblos…
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21,ruedel’Odeon, 16 mayo 2009. Foto JPQ. Cioran vivió durante algunos años en el mismo edificio que un gran periodista francés. Ambos se ignoraron voluntariamente.
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De la France (L’Herne) es una pequeña obra maestra, escrita en 1941, en rumano, traducida por vez primera al francés. Con el vigor del Gran estilo (Nietzsche), Cioran describe un proceso de decadencia histórica indisociable de la pobreza de la lengua, la miseria del estilo, la ruina de la gramática, el hundimiento de la vida del espíritu, víctima de los sofistas del vientre…
“Del individualismo y el culto de la libertad, por los que fue capaz de dar su sangre, Francia solo ha retenido, en su forma crepuscular, el dinero y el placer [ .. ] Cuando no se cree en nada, los sentidos se convierten en religión. Y el estómago en finalidad. El fenómeno de la decadencia es inseparable de la gastronomía…”
Insondables temas recurrentes: decadencia del espíritu, a través de la decadencia de la palabra, el Verbo, la retórica del Gran estilo, que, en Caína / Carpetovetonia desembocan en la retórica de la palabra ketchup, los sofistas que medran a través de los medios de incomunicación de masas, las sopas de sobre, la “gastronomía de diseño” y la decadencia crapulosa: Adrià, huevos en gelatina y decadencia.
Temas y variaciones de una enfermedad del espíritu, la francesa, que encontró en grandes prosistas, como el mismo Cioran, una cura y una purificación del espíritu, a través de la palabra, justamente: “Nada más triste que el espectáculo de una gran nación convertida en rebaño humano, corriendo tras el bienestar”.
La conversión de la “nación” (¿cuál de ellas, entre cuantas?) en “rebaño humano”, ¿no pudiera hablar de España y la enfermedad del espíritu descrita en mi De la inexistencia de España / De la inexistencia d’Espanya…?
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L’Herne también publica un Cahier sencillamente indispensable para quienes se interesen por la obra de Cioran, aportando materiales básicos sobre sus descarríos juveniles por las aguas turbias de las extremas derechas de entre guerras, como Heidegger, como Maurice Blanchot, otros grandes maestros indispensables.
En ese terreno, el mejor análisis que conozco es el de Alain Finkielkraut:
[ .. ] Vous évoquez un péché de jeunesse. Quelle faute contre l’esprit l’a fait céder à la tentation fasciste ? Le culte de l’irrationnel, le vitalisme nihiliste, l’antihumanisme, l’historicisme ? Ou peut-être le désespoir ?
Pour reprendre le diagnostic de Cioran lui-même, je dirais que son péché de jeunesse, c’est la jeunesse comme péché. Dans un texte du début des années 1950, Cioran écrit : « À l’époque où j’étais jeune, toute l’Europe croyait à la jeunesse. Ce sont les jeunes qui promeuvent les doctrines d’intolérance et les mettent en pratique, ce sont eux qui ont besoin de sang, de cris, de tumulte et de barbarie. » Il me semble que Cioran met le doigt sur ce qu’a été le grand malheur du XXe siècle. Un malheur prophétisé par Dostoïevski dans cette conversation des Possédés où Piotr Verkhovensky demande aux conjurés ce qu’ils préfèrent : patauger dans le marécage à une allure de tortue ou le traverser à toute vapeur. Un « collégien enthousiasmé » lui répond : « Moi, je suis pour le traverser à toute vapeur ! » Cioran a été ce collégien enthousiasmé. Il a également cédé à l’historicisme. Il reviendra sur cette illusion dans ses Cahiers : « N’exigez pas de moi de croire que l’Histoire ait un sens et l’humanité un avenir. L’homme passera de difficulté en difficulté et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’il en crève. » Par là, on voit que toute son œuvre est une méditation critique sur ce délire inaugural.
Comment expliquez-vous son acquiescement au préjugé antisémite ?
À l’origine de son antisémitisme, je vois d’abord la mégalomanie du citoyen d’une petite nation, qui se dit : « Nous ne sommes rien et nous allons être tout. Nous allons faire parler de nous à n’importe quel prix. » Sans doute la mégalomanie d’une petite nation reléguée dans la banlieue de l’Histoire nourrit-elle une jalousie à l’égard des Juifs, petit peuple placé en pleine lumière. On sent cette jalousie à l’œuvre. Pour autant, bien que Cioran soit alors sympathisant de cette organisation monstrueuse qu’est la Garde de fer, il a une divergence fondamentale avec les légionnaires : il n’impute pas le marasme roumain aux Juifs. Il ne cède pas à la facilité de la paranoïa. C’est un élément très important pour le comprendre. Certains l’accusent pourtant de n’avoir pas changé après guerre. Il serait resté obsédé par les Juifs et se serait contenté d’inverser les signes en passant du négatif au positif. Cette inversion elle-même témoignerait de la survivance de son hostilité fondamentale. Je pense que ce n’est pas vrai. Je pense qu’il y avait dans cette fascination pour les Juifs quelque chose qui pouvait préparer Cioran à rendre hommage aux Juifs. C’est la persistance du nom juif qui nourrira sa fascination. Il dira : « Les Juifs ne sont pas un peuple mais un destin. »
Contrairement aux accusateurs de Cioran, vous croyez à sa conversion sincère et profonde. Comment expliquez-vous ce mouvement ?
Cioran s’est arraché de la tentation totalitaire en devenant un écrivain de langue française et en s’inscrivant en plein XXe siècle dans la lignée des moralistes classiques. Les moralistes ne sont pas des gens qui font la morale, ce sont des gens qui divulguent une vérité douloureuse. Il rejoint leur camp dès 1941, à travers le texte charnière intitulé Sur la France, qu’on découvre également. C’est un livre écrit en roumain, mais le style est déjà français, on le voit merveilleusement dans la traduction d’Alain Paruit. Au fond, la réponse des moralistes, c’est la réponse de ceux qui ne sont pas dupes de Rousseau. D’un côté, il y a l’idée d’établir un régime sans mal en trouvant une solution politique au problème humain. Et de l’autre, une lucidité inquiète qui nous vaccine contre cette tentation. Le désespoir de Cioran ne le conduit d’ailleurs pas nécessairement à une vision noire de la nature humaine. J’ai relevé un passage extraordinaire dans ses Cahiers : « Haine et événement sont synonymes. Là où il y a haine, quelque chose se passe. La bonté au contraire est statique. Elle conserve, elle arrête, elle manque de vertu historique, elle freine tout dynamisme. La bonté n’est pas complice du temps alors que la haine en est l’essence. » On n’imagine pas Cioran faire cet éloge de la bonté. Et pourtant. Lorsque s’évanouit l’idée d’établir un régime sans mal, reste ce que Vassili Grossman appelle la petite bonté, la bonté sans régime. [ .. ] [Le Figaro Livres, 2 abril 2009. Entrevista de Sébastien Lapaque con Alain Finkielkraut : “Pour Cioran, ce livre était une honte”].
Las negritas son mías.
- Filosofía y Pensamiento en este Infierno.
Carlos Campos says
Cada día más impresionado con tu blog. Es un enorme placer su lectura y el reguero de sensaciones que me deja. Gracias de nuevo.
Tu amigo,
HArendt
José Julio Perlado says
Querido Juan Pedro,
(Me ha encantado ese portal del 21 de la rue del´Odeon, que me ha traído recuerdos de París,y de los refugios de artistas que yo visité cercanos a París)
La juventud ha sido muchas veces motivo de interesantes reflexiones. A las palabras de Alain Finkielkraut analizando a Cioran,
«Pour reprendre le diagnostic de Cioran lui-même, je dirais que son péché de jeunesse, c’est la jeunesse comme péché. Dans un texte du début des années 1950, Cioran écrit : « À l’époque où j’étais jeune, toute l’Europe croyait à la jeunesse. Ce sont les jeunes qui promeuvent les doctrines d’intolérance et les mettent en pratique, ce sont eux qui ont besoin de sang, de cris, de tumulte et de barbarie. » añadiría otras bellísimas frases de Kafka que a mí siempre me han encantado. Paseando por Praga con su amigo Janouch, Kafka decía: «La juventud es feliz porque posee la capacidad de ver la belleza. Es al perder esta capacidad cuando comienza el penoso envejecimiento, la decadencia, la infelicidad». Janouch le preguntó:» ¿Entonces la vejez excluye toda posibilidad de felicidad?» Y Kafka respondió: «No. La felicidad excluye a la vejez. Quien conserva la capacidad de ver la belleza no envejece«.
Abrazos.
JJP
J. Moreno says
Para intentar no perder el rumbo mientras dura este «viaje a ninguna parte», tengo esta cita, -junto a otras- en el escritorio en lugar bién visible:
«Toda idea es neutra o debiera serlo; es el hombre quién las anima, quién proyecta en ella sus pasiones, locuras, sus sueños engendradores de monstruos: Transformada en creencia, se incustra en el tiempo y adopta figura de suceso. Esta quiebra de la razón que deviene en espasmo epiléctico, genera las ideologías, los dogmas y las pantomimas sangrientas de la Historia»
E. Ciorán.
JP Quiñonero says
Carlos, José Julio, J. Moreno,
… Carlos,
Aquí me / nos tienes. Tan contentos de tenerte entre nosotros.
… José Julio,
¡¡Qué cosa tan bella y tan honda esa frase de Kafka…!!! «Quien conserva la capacidad de ver la belleza no envejece«… La retomaré una y otra vez, recordándote, claro.
… J.Moreno,
Tras haber caído él mismo en las pantomimas sangrientas de la historia, Cioran se convirtió en un moralista implacable. Tu cita lo resume todo, si. Graciasssssss
Q.-
J. Moreno says
Debí haber escrito «se incrusta».
Juan Luis says
Excelente.
Mil gracias.
Enrique M. F. says
Q: Qué gran artículo este que dedicas al lúcido y desesperado Cioran, uno de mis autores preferidos; aunque no conviene abusar de su lectura si no quiere uno terminar haciéndose el haraquiri.
Qué actualidad tienen hoy, en este siglo XXI, sus obras, sus palabras… En referencia, no ya a Francia o España, sino a toda Europa, nos decía el rumano: El historiador antiguo que decía de Roma que no podía soportar ni sus vicios ni los remedios para éstos, más que definir su época, anticipaba la nuestra. (Sobre una civilización exhausta, en La Tentación de Existir).
Por cierto, una vez, en Buenos Aires, soñé un diálogo entre Cioran y ese al que Emil llamaba el último delicado, Jorge Luis Borges.
JP Quiñonero says
Juan Luis, Enrique,
… Juan Luis,
Gratitudes…
… Enrique,
Si. Esa cita de Cioran habla de toda nuestra civilización. Y también es un resumen de genio de toda su obra. Habla, cuenta, escribe sobre ese diálogo. Qué promesa de maravillas… Hay otro diálogo del que Cioran ha hablado muy poco: sus encuentros con Paul Celan,
Q.-
Enrique M. F. says
Q: Soy bastante torpe con esto de las nuevas tecnologías, y no sé si te llegó el enlace con mi diálogo soñado Borges-Cioran. Lo envío de nuevo:http://www.carmina.ekiry.com/?2009/01/31/556-dialogo-sonado-entre-borges-y-cioran-por-enrique-martin-ferrera
JP Quiñonero says
Enrique,
Anda, anda… te hago yo mismo en enlace: Diálogo soñado Borges – Cioran…
Todas las razones son buenas para visitar vuestro carmen, si.
Q.-
PS. La cosa del enlace es de una simpleza que hassta yo mismo soy capaz de hacerlo [gratitudes a Maty]… se escribe la/s palabra/s que deben dirigir al enlace deseado… subrayadas, hace enlace… aparece una ventanuca… se pone en esa ventanuca el enlace deseado (utilizar dos ventanas, claro), se apoya en Enter… ¡y ya está…!
Q.-
Mercè says
Por suerte, de nuevo JJ Perlado reflexiona y me incluye, en el sentido de que mientras leía el post, amigos, ya se me iba la cabeza por los cerros de Úbeda en llegando a lo de la bondad como opuesta al tiempo y al dinamismo, contraria al cambio… Kafka lo ve bien, de ahí mis gratitudes, JJ, pues diciendo lo mismo –la bondad detiene el tiempo, pongamos– da un giro completo a la visión de Cioran. Una cosa es que la bondad asegure la estasis, la permanencia, y otra bien distinta es que esa cualidad comporte inmovilismo, lo cual me temo sería en relación con Cioran una forma casi vergonzosa de autojustificación. Así entiendo la idea que tanto parece agradaros de «son péché de jeunesse, c’est la jeunesse comme péché», excelente ejemplo de prosa de sonajero del ínclito Finkielkraut …
José Julio Perlado says
Tus gratitudes, Mercè, se las transmito a Kafka paseando por Praga con Janouch. Hay frases como estas («al perder la capacidad de ver la belleza es cuando comienza el penoso envejecimiento, la decadencia, la infelicidad») que son todo un sabio elixir de juventud.
Saludos y gratitudes también mías.
JJP
Mercè says
Este libro de Janouch con Kafka es una joya, sí, vaya libro! Otra de las reflexiones de K, esta vez ante un cuadro del primer cubismo, de Picasso creo recordar: «El arte es un espejo que adelanta, como un reloj…, a veces»… Quien para el reloj… eso ya es otra historia, tal vez también en relación con el debate del post